Close

Le projet « Vénète »

La démarche

Alors que nous ne disposons à ce jour d’aucune épave vénète scientifiquement explorée, le projet de construire une réplique navigante d’un navire vénète n’a pu se préciser qu’avec de nombreux travaux préliminaires à l’élaboration de plans validés permettant d’engager la construction.

L'archéologie comparée

On ne dispose en effet que quelques pages, cependant assez précises sur certains points, dans le livre III de la « Guerre des Gaules » de Jules César. Un premier travail a donc été de rechercher les épaves, scientifiquement explorées, dont la description se rapprochait du texte de César. Un consensus des meilleurs archéologues nous a permis de nous focaliser sur quelques épaves (l’épave Blackfriars 1 à Londres, une autre dans la baie de Wissant dans le Pas-de-Calais, une autre à Guernesey…) datant de l’époque romaine, soit un siècle ou deux plus tard. Était-il alors légitime de s’inspirer d’épaves plus tardives ? L’architecture navale a peu évolué à ces époques et il est probable que les Romains ont répliqué les navires vénètes qui les avaient impressionnés pour constituer leur flotte de la Manche, la classis britannicae. On a pu ainsi disposer d’études très précises qui ont servi de références.

La maquette

Construction d’une maquette d’étude au 1/10ème

La démarche classique en archéologie maritime consiste ensuite à réaliser une maquette d’étude, en général au dixième. Cela permet de valider ou modifier les hypothèses architecturales, quitte à défaire et refaire la maquette plusieurs fois pour tester les options possibles. La construction d’une telle maquette par l’association Mor Er Wenediz.56 a été réalisée à l’atelier de modélisme de l’association des Vieilles Voiles de Rhuys à Sarzeau, elle a nécessité quelques milliers d’heures de travail. Cette maquette est aujourd’hui exposée au Centre d’Interprétation du Patrimoine de l’Hôtel de Limur à Vannes.

Les plans et leur validation

Elaboration de plans provisoires

Suite aux recherches d’archéologie comparée, des plans ont pu être établis pour un navire estimé à 15 mètres. Le principe en est une construction sur sole, protomembrure première, avec une coque en chêne, un mât unique et une voile carrée. Une première prévalidation de ces plans a été faite par Yann Philippe, ingénieur-architecte naval au chantier Laïta Sailing à Quimperlé, en utilisant les logiciels d’études d’hydrostatique, remplaçant aujourd’hui certains tests en bassin de carène ; les résultats de ces calculs ont donné lieu à une publication dans une revue spécialisée (Chroniques d’Histoire Maritime, 95, pp 15-30, 2023) pour être ouverts à l’avis de la communauté scientifique.

Elaboration des plans définitifs

Au vu des travaux de construction de la maquette, les plans ont été modifiés pour les hypothèses de navigabilité et pour les porter à un navire de longueur 17 m au lieu de 15. Les plans d’architecture ont été redessinés par Loïc Siat au chantier de la Bascatic à Baden et de nouveaux tests d’hydrostatique ont été réalisés par Yann Philippe. En même temps, un inventaire précis de toutes les pièces de bois a été réalisé en vue de la commande aux forestiers.

Nouvelle étape d’architecture expérimentale sur un démonstrateur au 1/3

La réalisation d’une maquette d’exposition au 1/10 a permis une première validation des hypothèses architecturales.

Avant de construire une réplique navigante en taille réelle, une étape supplémentaire d’archéologie expérimentale se révèle nécessaire pour préciser certains aspects comme la position du mât, la surface de voile, l’angle de remontée au vent, la dérive… Cette étape sera réalisée sur un “démonstrateur” qui pourra aussi représenter le navire vénète dans les nombreuses manifestations du patrimoine navigant du Ponant.

La construction et le chantier

Les travaux préliminaires indispensables, achevés ; la construction peut être lancée sur la base d’un plan de financement bien engagé. L’ultime étape sera l’exploitation de ce navire à des fins culturelles et patrimoniales et, pourquoi pas, une croisière inaugurale vers le pays de Galles sur la route de l’étain qui constituerait l’ultime validation en archéologie expérimentale.

Les Vénètes faisant partie intégrante de l’histoire du département du Morbihan, l’association Mor er Wenediz.56 a décidé de faire connaître le peuple vénète auprès des enfants et des adolescents de ce département. Cette démarche s’intègre parfaitement dans le programme d’histoire des classes de 6e dont un des thèmes est « L’Empire romain dans le monde antique » avec bien sûr la guerre des Gaules.

L’association, travaille dès à présent, à la réalisation d’une présentation support, intégrant les thèmes suivants :

  • L’histoire des Vénètes avec leur migration probable depuis les rives de la mer Noire en passant par Venise pour s’établir dans l’actuel Morbihan, région riche depuis des millénaires,
  • La puissance des Vénètes avec :
    • Le contrôle des estuaires des principales rivières du Sud de l’Armorique, ainsi que celui des routes maritimes en particulier celle avec le Sud-Ouest de l’actuelle Angleterre, pour aller y chercher le minerai d’étain, indispensable avec celui du cuivre qui venait de la péninsule italienne, pour la fabrication du bronze, alliage incontournable à l’époque pour la fabrication des ustensiles de cuisine, des armes et des bijoux,
    • L’innovation technique dans le domaine de la construction navale avec un bateau hauturier innovateur sur sole (et non pas avec une quille), équipé de chaîne et d’ancre en fer,
  • La participation des Vénètes à la guerre des Gaules avec la bataille navale décisive qui eut lieu en présence de Jules César, en 56 avant notre ère, à la sortie du golfe du Morbihan. Les peuples d’Armorique l’ont perdue… et l’Armorique est devenue gallo-romaine, comme le reste de la Gaule.

L’objectif est de faire valider ce programme par des organismes officiels, que ce soit pour l’enseignement public ou privé, et de le présenter gracieusement dans les classes de 6e, pour les collèges du Morbihan qui seraient intéressés.