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L’histoire autour de « Vénète »

Les routes maritimes

Depuis la fin de la préhistoire, une « route de l’étain » amenait ce métal du sud-ouest de l’Angleterre jusqu’en Italie pour constituer le bronze associant cuivre et étain. Ce fret minéral lourd justifiait des bateaux puissants capables de navigations au moins semi-hauturières le long des côtes. Cette route associait des voies maritimes à des voies fluvioterrestres par la Loire, puis le Rhône ou par la Garonne et « l’isthme gaulois » vers la Méditerranée. Ce n’était pas une voie exclusivement maritime par Gibraltar (« les colonnes d’Hercule ») qui aurait été plus longue et plus dangereuse. Les flottes que César a qualifiées de vénètes étaient celles qui assuraient cette première partie maritime du parcours. A l’aller vers l’Angleterre, elles étaient chargées de céréales, de sel ou de viandes salées. Au retour depuis le sud, elles pouvaient ramener du vin d’Aquitaine et d’autres produits d’échange. Avec l’âge du fer, cette route de l’étain a très progressivement décliné.

La bataille des Vénètes

En 56 av. J.-C., la politique à Rome était tendue et les trois membres du triumvirat, Crassus, César et Pompée ne cachaient pas leurs ambitions rivales. Pour s’imposer, César, en charge de la Gaule cisalpine, eut l’idée de frapper l’opinion avec un « grand coup » : envahir l’île de Bretagne, c’est-à-dire l’Angleterre. Pour cela il lui fallait le contrôle maritime de la Manche. Les Gaulois, de l’Armorique à la Normandie, en avaient la maîtrise. Il fallait donc détruire leur flotte coalisée qui, face aux menaces de César, s’était regroupée dans le golfe du Morbihan : environ 200 lourds voiliers de charge selon César.

Pour cela, César fit construire des galères légères par ses alliés Pictons dans l’embouchure de la Loire : il en voulait deux ou trois par bateau ennemi, soit plusieurs centaines, chargée de légionnaires avec un centurion dans chaque navire. Il en confia le commandement à Decimus Brutus tandis que lui restait à la tête des légions terrestres probablement regroupées entre le tumulus de Tumiac et la plage de Kerjouano.

Profitant du jusant et d’un vent favorable, la flotte gauloise, qualifiée de vénète par César du fait de la localisation de la bataille, sortit du golfe et attaqua les galères, sûre de la supériorité de ses lourds navires sur les fragiles galères. Hélas, le vent tomba et les galères plus manœuvrantes prirent le dessus. Ce fut une grande défaite pour les Gaulois. Deux ans plus tard, César fit un premier débarquement en Angleterre qui ne fut pourtant envahie que beaucoup plus tard.